Jacques, héros incontesté des drames et vaudevilles, est alors un valet comique, railleur, brave, pince-sans-rire qui s’exprime en picard lillois, sorte de français mêlé de picardisme et teinté d’un fort accent régional. Ayant le sens de la répartie, sans diplomatie ni servilité vis-à-vis des « grands », Jacques de Lille est alors également présentateur des pièces jouées.

A Lille, le cadre « classique » de la comédie pour Jacques est alors la cave (alors qu’à Roubaix, deuxième grand lieu de marionnettes avec Lille, on pratique dans les greniers). On y entre par le « burguet », large ouverture donnant sur le trottoir. On a répertorié jusqu’à 36 montreurs et théâtres de marionnettes sur Lille au 19ème siècle et jusqu’à 1914. (12 à Wazemmes, 11 à Saint- Sauveur, 4 à Fives et 10 dans d’autres quartiers). On notera le théâtre ouvert par Charles Muller (1850-1917), rue Mahieu, en 1888. C’était certainement le plus important des théâtres lillois. Les quelques 140 marionnettes y attiraient encore beaucoup de monde peu avant 1914. Il est clair que le théâtre jouait alors principalement pour les enfants. Le Jacques qui y était présenté était celui très classique avec son tricorne et son costume groseille décoré de rangées de boutons. Le personnage était alors très attendu des enfants. On retrouve d’autres personnages portant le nom de Jacques dans les théâtres du nord de la France en particulier à Roubaix où s’anime « Jacques Linflé » dit « Gros jacques ».